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d’un ton assez sévère. Je vous fais présent de mon palais, de ma couronne, ainsi que de toutes les richesses que renferme la terre, et vous me traitez comme si je vous offensais. La seule chose qui manque à ma demeure royale est une aimable et vive enfant qui vous ressemble, pour courir dans les escaliers et faire retentir les voûtes de ses éclats joyeux. Le roi Pluton attend de vous cette faveur.

— Oh ! jamais, jamais ! répondit Proserpine au comble du désespoir, je ne retrouverai ma gaieté que si vous me reportez sur le seuil de la maison de ma mère. »

Elle n’eût pas plus vainement adressé ses prières au vent qui soufflait derrière eux. Pluton animait de plus en plus ses chevaux, dont la vitesse s’accélérait toujours. La pauvre enfant ne cessait de pleurer, et cria si longtemps et si fort que sa voix était presque épuisée. Il lui restait à peine assez de force pour murmurer une plainte étouffée, quand ses yeux se portèrent du côté d’une large plaine ondulante d’épis ; et là, qu’aperçut-elle ? je vous le laisse à deviner. Qui vit-elle ? Eh bien ! c’était sa mère, Cérès elle-même, occupée à faire mûrir le blé, et trop appliquée à son travail pour remarquer le char brillant qui traversait l’espace. Elle rassembla tout ce qui lui restait de force, et jeta un cri aigu dont la vibration se perdit dans l’air avant que Cérès eût seulement le temps de tourner la tête.