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plus fraîches et de plus jolies, elle s’écarta un peu et en rencontra quelques-unes dont la vue lui arracha des cris d’admiration. Ses yeux n’avaient jamais été réjouis par des fleurs aussi délicieuses : c’étaient des violettes larges, épanouies, d’un parfum exquis : des roses d’un incarnat doux et brillant, des jacinthes magnifiques, des œillets d’un arôme !… et cent autres dont la forme et les nuances lui paraissaient nouvelles. Deux ou trois fois même, elle ne put s’empêcher de penser qu’une touffe épaisse était subitement sortie du sol, en pleine efflorescence. Peu s’en fallut qu’elle ne retournât immédiatement sur le rivage pour s’y asseoir avec ses compagnes et tresser auprès d’elles les produits déjà abondants de sa récolte. Mais, un peu plus loin, qu’aperçut-elle ? Un énorme buisson, complètement couvert des fleurs les plus magnifiques.

« Quelle merveille ! s’écria Proserpine ; et moi qui regardais précisément à cet endroit même, il n’y a qu’un moment ! Comment se fait-il que je n’aie rien vu ? »

Puis elle approchait du buisson, plus elle le trouvait attrayant. Enfin elle y touchait presque, et alors, quoique la beauté en surpassât toute description, elle ne savait si elle devait ou non prendre plaisir à le regarder. Des centaines de roses différentes entre elles, bien que de la même espèce, étalaient leurs corolles brillantes et diaprées. Cependant Proser-