Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Grâce ! grâce ! cria l’infâme traîtresse. Accorde-moi la vie, sage roi Ulysse. Je sais maintenant que c’est toi que m’avait annoncé Vif-Argent, toi, le plus prudent des mortels, contre qui nul enchantement ne peut prévaloir. Toi seul pouvais triompher de Circé. Épargne-moi, ô le plus grand des hommes ! Je veux t’offrir l’hospitalité la plus sincère ; prends-moi pour ton esclave ; je t’abandonne ce magnifique palais pour en faire ton séjour. »

Cependant les quatre nymphes se livraient aux gémissements les plus pitoyables. La nymphe de l’Océan, surtout, avec sa cheveleure verte comme les ondes de la mer, versait des flots de larmes salées, et la nymphe des fontaines, outre la rosée qui s’échappait avec abondance de ses doigts, était près de se fondre en eau à force de pleurer. Mais Ulysse ne voulut rien entendre avant que Circé eût promis, par un serment solennel, de rendre leur ancienne forme à ses compagnons et à tous ceux qu’il désignerait parmi les êtres humains que la magicienne avait changés en bêtes et en oiseaux de toutes sortes.

« À ces conditions, dit-il, je consens à épargner tes jours. Autrement tu vas, ici même, rendre le dernier soupir. »

En voyant le glaive suspendu au-dessus de sa tête, la magicienne se sentit disposée à une obéissance absolue, et elle eût volontiers fait autant de