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rines lui fit une profonde révérence, en lui souhaitant une heureuse bienvenue. L’exemple de celle-ci fut suivi par sa sœur au corsage d’écorce de chêne, ainsi que par la troisième dont les doigts effilés répandaient une rosée abondante. Quant à la dernière, elle exécutait quelque action étrange dont j’ai perdu le souvenir. Circé, cette enchanteresse rayonnante de beauté, avait trompé tant de victimes, qu’elle ne doutait pas de pouvoir triompher également d’Ulysse. Elle ignorait à quel point sa sagesse le mettait au-dessus des autres hommes.

« Tes compagnons, dit-elle, ont déjà été reçus dans mon palais, et y ont joui d’un accueil hospitalier auquel leurs mérites leur donnaient des droits. Si tel est ton bon plaisir, je te prie d’accepter quelque rafraîchissement, et tu iras les retrouver dans l’élégant appartement qu’ils occupent en ce moment. Vois, mes compagnes et moi, nous avons tracé leurs portraits dans le tissu de cette tapisserie. »

Et elle indiqua d’un geste le travail merveilleux dont la trame était tendue sur le métier. Circé et les quatre nymphes devaient avoir mis la plus grande activité à l’exécution de cette œuvre, depuis l’arrivée des marins ; car un vaste dessin avait été ajouté à la pièce que j’ai déjà décrite. Dans cette dernière partie, Ulysse reconnut ses vingt-deux camarades, représentés assis sur des trônes garnis de coussins rebondis et recouverts de riches balda-