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— Comme je suis votre roi, reprit Ulysse, et le plus sage d’entre vous, mon devoir me commande de m’informer du sort de nos compagnons, et de chercher les moyens, s’il y en a, d’opérer leur délivrance. Attendez-moi jusqu’à demain ; si je ne reviens pas, vous mettrez à la voile, et vous vous efforcerez de trouver votre route vers notre patrie. Pour ma part, je suis responsable de la vie de ces pauvres marins, brûlés avec moi par le soleil, ballottés par les mêmes tempêtes, et qui ont toujours combattu à mes côtés. Je succomberai, ou je les ramènerai sains et saufs. »

Si ses soldats eussent osé, ils l’auraient retenu de force. Mais un regard sévère, un mouvement du javelot, leur fit comprendre qu’ils devaient rester muets et se soumettre ; en le voyant si déterminé, ils baissèrent la tête et s’assirent sur le sable, en proie au plus violent désespoir, le cœur partagé entre l’attente et la prière.

Comme auparavant, Ulysse avait à peine franchi le sommet de la falaise, que l’oiseau au plumage de pourpre vint voltiger de son côté en criant :

« Pîh… pîh… pîh… houip ! » et en s’efforçant, par tous ses moyens, de le dissuader de poursuivre sa route.

« Que veux-tu dire ? lui cria Ulysse. Tu es comme un roi, revêtu de pourpre et d’or. Tu portes une couronne brillante sur la tête. Est-ce parce que je suis