Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

core en s’engouffrant dans les gosiers ; d’autres, d’un pourpre de rubis, sont si limpides que vous auriez pu voir au fond des verres les figures s’y réfléchir. Tandis que les domestiques gorgent à l’envi les étrangers de mets et de vins, la noble dame et ses quatre jeunes filles vont d’un trône à un autre, exhortent leurs invités à manger et à boire, et les excitent à se dédommager de leurs jours d’abstinence forcée. Mais toutes les fois que les marins ne se regardaient pas (et cela n’était pas rare, leur attention se concentrant de préférence sur les plateaux et les bassins), l’ordonnatrice de la fête et ses suivantes se retournaient et se mettaient à rire. Les serviteurs mêmes, tout en s’agenouillant pour présenter les plats, ne pouvaient se retenir de faire des grimaces de dérision au moment où les mangeurs insatiables acceptaient les richesses culinaires qui leur étaient offertes. Par moments les étrangers croyaient sentir un goût tant soit peu désagréable.

« Il y a dans ces mets d’étranges épices, murmura le plus gourmet de la bande. Je ne puis dire que cela me réjouit complètement le palais. Pourtant cela passe.

— Qu’un bon verre de vin te balaye le gosier, répondit son voisin de trône. C’est l’accompagnement nécessaire à une pareille cuisine. Il faut que je l’avoue, cependant, le vin a aussi un singulier