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frait plus la même forme. Ce n’était plus la figure d’un homme à longue robe, d’un lion, d’un tigre, d’un loup ou d’un âne, mais un vrai porc se vautrant dans l’élégante coquille et la remplissant jusqu’aux bords de son épaisse corpulence.

Mais laissons là le prudent Eurylochus, qui attendait toujours dans la salle extérieure, et suivons ses compagnons jusque dans la partie la plus mystérieuse du palais. À leur approche, la femme si remarquable par sa beauté quitta son métier, comme je vous le disais, et s’avança en souriant et en tendant la main. Après avoir serré celle de celui qui se trouvait le plus à sa portée, elle lui souhaita la bienvenue ainsi qu’à toute sa suite.

« Vous vous êtes fait bien attendre, mes bons amis, dit-elle. Mes filles et moi sommes d’anciennes connaissances pour vous, quoique vous paraissiez nous avoir oubliées. Regardez cette pièce de tapisserie, et jugez si vos figures ne nous sont pas familières. »

Les voyageurs examinèrent le travail que cette merveilleuse beauté était en train de tisser sur son métier ; et, à leur extrême étonnement, ils reconnurent leurs traits parfaitement représentés avec des fils de différentes couleurs. C’était le tableau fidèle de leurs récentes aventures. On les voyait, ici, dans la caverne de Polyphème, occupés à crever l’œil du cyclope ; là, déliant les sacs de cuir où les