Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meilleure chère. Mais chut ! écoutez l’innocent babil de ces femmes qui ne se doutent pas de notre présence ! Remarquez cette voix plus mélodieuse que les autres, si familière et si attrayante en même temps, bien qu’elle semble commander à ses compagnes. Montrons-nous sans hésiter. Quel mal peuvent faire à des marins, à des guerriers comme nous, la maîtresse de ce palais et les jeunes filles qui l’entourent ?

— Souvenez-vous, dit Eurylochus, que ce fut une jeune fille qui attira trois de nos amis dans le palais du roi des Lestrygons, et qu’un de ces infortunés fut dévoré par ce monarque en moins d’un clin d’œil. »

Mais les compagnons d’Eurylochus étaient sourds à tous les avis. Ils s’avancèrent vers de hautes portes à deux battants qui fermaient l’entrée de la salle, et, les ouvrant toutes grandes, pénétrèrent dans la chambre voisine. Eurylochus, pendant ce temps, s’était glissé derrière une colonne. Malgré la rapidité avec laquelle les portes s’étaient ouvertes et fermées, il avait pu entrevoir une femme d’une beauté imposante, qui se levait de son métier pour venir au-devant des marins harassés de fatigue, le sourire sur les lèvres, et une main tendue vers eux en signe d’hospitalité. Elle était entourée de quatre autres jeunes femmes qui se mirent à danser en s’avançant vers leurs hôtes, et exprimèrent par