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cru cette frêle créature dépositaire d’un important secret dont elle désirait décharger son cœur… et, pour cette révélation, une seule et pauvre note dans le gosier !

« Joli petit oiseau, dit Eurylochus, homme d’une circonspection renommée, et dont le coup d’œil saisissait la moindre apparence de danger, joli petit oiseau, qui t’a envoyé ici ? et de quel message es-tu porteur ?

— Pîh… pîh… pîh… houip ! » répliqua le conseiller ailé avec un accent des plus tristes.

Puis il prit son essor, alla se poser sur l’extrémité de la falaise, et regarda les voyageurs avec une attention marquée, comme s’il eût vivement désiré les voir retourner au lieu d’où ils étaient venus. Ceux-ci ne purent s’empêcher de soupçonner que c’était là l’avertissement d’un danger réel dont la connaissance inspirait à ce petit être l’expression d’un sentiment de tristesse et de sympathie digne d’un cœur humain.

Cependant les marins, flairant toujours les exhalaisons de la cuisine du palais, ne pouvaient se résoudre à retourner au navire. L’un d’eux, noté entre ses camarades pour sa brutalité et sa gourmandise excessives, proféra une menace d’une méchanceté et d’une cruauté telles, que je me demande comment la seule pensée ne le changea pas en bête féroce, car il en avait la nature.