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diner, il n’ordonnait d’offrir au moins aux naufragés les restes de sa table.

Enchanté de cette réflexion, le roi Ulysse avait à peine avancé de quelques pas dans la direction du château, quand un gazouillement redoublé, partant d’un arbre voisin, frappa son oreille. Un moment après, un oiseau vint voltiger vers lui, et passa si près de sa figure qu’il effleura presque sa joue. C’était un charmant oiseau avec le corps et les ailes rouges, les pattes jaunes, un collier de plumes dorées autour du cou et une huppe de même nuance sur la tête, assez semblable à une couronne royale en miniature. Ulysse essaya de l’attraper. Mais son vol était si léger qu’il ne put l’atteindre. À la tentative du héros répondit un petit cri si plaintif que, si le langage humain eût pu l’interpréter, on y aurait sans doute trouvé le récit de quelque histoire lamentable. Le mélancolique chanteur était-il chassé ? il cherchait son refuge dans les branches de l’arbre le plus proche, revenait voltiger autour de la tête de l’étranger, et faisait entendre des gémissements douloureux et pressants, aussitôt que celui-ci faisait un mouvement en avant.

« As-tu quelque chose à me dire, petit oiseau ? » Ulysse écouta attentivement si sa question n’allait pas recevoir une réponse quelconque. Au siège de Troie, et ailleurs, il avait eu connaissance de phénomènes aussi étranges, et son étonnement