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nemi en tordant ses anneaux couverts d’écaillés ; mais ce fut à peine s’il put ramper quelques pas. Le brave Cadmus lui porta un dernier coup qui mit un terme à son horrible existence. Enfin, s’étant dégagé des mâchoires de son ennemi, il le contempla roidissant encore ses anneaux, mais désormais incapable de nuire même à un enfant.

Mais ne supposez-vous pas que Cadmus fut désolé de la catastrophe de ses affectueux et infortunés compagnons, qui avaient avec lui suivi les pas de la vache enchantée ? Il semblait qu’il fût condamné à se séparer de tous ceux qu’il aimait ou à les voir périr. Il se retrouvait, après toutes ses afflictions et toutes ses traverses, dans un lieu solitaire, sans aucun être humain pour l’aider à se construire un abri.

« Que faire ? s’écria-t-il. Il vaudrait mieux que j’eusse été dévoré par le dragon comme mes pauvres compagnons.

— Cadmus ! dit une voix (et le jeune homme ne put deviner d’où elle arrivait à ses oreilles : venait-elle d’en haut ou d’en bas, ou bien résonnait-elle dans sa propre poitrine ?), Cadmus ! arrache les dents du dragon et plante-les dans la terre. » Conseil des plus étranges ! car il n’était pas facile d’extraire des mâchoires du dragon ces crocs aux profondes racines. Mais Cadmus n’épargna aucune peine pour accomplir cette opération ; et, après avoir presque broyé, à l’aide d’une grosse pierre,