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assentiment à ce projet. Pour débuter, comme ils souffraient depuis longtemps de la faim et de la soif, ils cherchèrent autour d’eux les moyens de se procurer un repas convenable. Non loin de là, ils découvrirent un frais ombrage qui, à leur avis, devait abriter une source. Ils s’éloignèrent pour aller vérifier le fait, et laissèrent Cadmus étendu à terre à côté de la vache tachetée ; car maintenant que celui-ci avait rencontré un lieu de repos, toutes les fatigues de son long pèlerinage paraissaient l’accabler à la fois.

À peine ses amis avaient-ils disparu qu’il tressaillit subitement, en entendant un mélange de cris désespérés et de sifflements horribles dont la vibration lui déchirait les oreilles.

Il s’élança d’un trait vers le bosquet ; là il aperçut entre les arbres la tête d’un immense serpent ou dragon, avec des yeux enflammés et une gueule d’une largeur épouvantable, armée d’innombrables dents acérées. Cadmus n’avait pas encore pu arriver sur le lieu de cette scène effroyable, que ses pauvres compagnons, victimes de la voracité du reptile, ne présentaient plus que des restes informes et sanglants.

Il paraît que la fontaine dont je vous ai parlé était une fontaine également enchantée, et que le dragon préposé à sa garde avait pour emploi d’empêcher tout mortel d’y venir étancher sa soif. Comme les