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en vue d’une haute montagne, nommée le Parnasse par les habitants de cette contrée ; et précisément sur le penchant de cette montagne était situé Delphes, où se rendait notre voyageur.

Ce lieu célèbre passait pour être exactement le centre du monde. La place où se tenait l’oracle était une cavité dans le flanc de la montagne, recouverte, au temps de la visite de Cadmus, de broussailles sauvages qui lui rappelèrent les berceaux de branchages qu’il avait aidé à construire pour Phénix et pour Cilix, puis plus tard pour Thasus. À une époque plus récente, comme les voyageurs venaient en foule adresser des questions à l’oracle, on bâtit à l’endroit même un spacieux temple de marbre. Mais, comme je vous l’ai dit, aux jours de Cadmus il existait seulement un ombrage épais formé par des arbrisseaux dont les rameaux entrelacés cachaient l’ouverture mystérieuse.

Cadmus, s’étant frayé un passage à travers cette végétation touffue et sombre, ne distingua pas de prime abord le sanctuaire de l’oracle ; mais bientôt il sentit un courant d’air vif et froid qui en sortait avec assez de force pour agiter les boucles de ses cheveux. Écartant les broussailles qui encombraient l’entrée, il se pencha en avant, et parla d’un ton ferme, mais respectueux, comme s’il se fût adressé à quelque personnage invisible, dans l’intérieur de la montagne.