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tant sur Cadmus un regard plein de tendresse. Oui, mon fils bien-aimé, un doux repos…… et bien long !…

— Aussi long que vous voudrez, ma mère chérie, » répondit Cadmus.

Téléphassa le pria de s’asseoir sur l’herbe, à ses côtés ; puis, lui serrant la main :

« Mon fils, reprit-elle avec une expression indicible d’abattement et d’amour, ce repos dont je veux parler sera bien long, en vérité ! et tu ne dois pas en attendre la fin. Mon cher Cadmus, tu ne me comprends pas. Il faut que tu creuses un tombeau dans cet endroit, et que tu y déposes le corps épuisé de ta mère. Mon pèlerinage est accompli désormais. »

Cadmus fondit en larmes, et, pendant longtemps, se refusa à croire que sa mère bien-aimée dût lui être enlevée. Mais Téléphassa, tout en le couvrant de baisers, parvint à lui faire comprendre qu’il valait mieux pour elle être délivrée des fatigues, des désenchantements et des peines dont sa vie avait été abreuvée depuis la perte de sa fille. Cadmus contint sa douleur, et écouta religieusement les dernières paroles de la mourante.

« Cher enfant, dit-elle, tu as été le fils le plus tendre qu’ait jamais eu une mère ici-bas, et jusqu’à la fin ton affection ne s’est pas démentie. Quel autre fils aurait, avec autant de patience, supporté