Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mère, une cruelle épreuve, de confesser que ses espérances s’évanouissaient. Depuis ce jour-là, Cadmus observa qu’elle ne marchait plus avec la même énergie. Elle s’appuyait plus pesamment sur son bras.

Avant de se séparer de Thasus, Cadmus l’aida à se construire une habitation. Téléphassa, trop faible pour mettre avec eux la main à l’œuvre, se contenta de donner des conseils sur les dispositions intérieures, de façon à rendre aussi commode qu’elle le pouvait être une cabane faite de branches d’arbres.

Thasus, cependant, ne passa pas solitairement sa vie entière dans cette demeure ; car il lui arriva, comme à Phénix et à Cilix, que d’autres voyageurs sans abri passèrent par là, s’y plurent et se bâtirent des habitations dans le voisinage. C’est ainsi que, dans le cours de quelques années, s’éleva une autre cité florissante. Au milieu de la place principale on admirait un palais en pierre rouge, résidence royale de Thasus. Le nouveau souverain, assis sur un trône, les épaules couvertes d’un long manteau de pourpre, et la couronne en tête, y rendait la justice à ses sujets. Les habitants l’avaient fait roi, non pour la noblesse de son sang, car il n’était pas d’extraction princière, mais seulement parce que c’était un homme honnête, sincère et courageux, par conséquent capable de gouverner.