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rent une cité au centre de laquelle s’éleva un beau palais de marbre, où résidait Phénix, revêtu d’une robe de pourpre et portant une couronne d’or sur la tête. Les habitants de la nouvelle colonie, ayant reconnu qu’il était de sang royal, l’avaient choisi pour leur souverain. Le premier décret rendu par le roi Phénix ordonnait que, si une jeune fille venait à traverser le royaume, montée sur un taureau d’une blancheur éclatante, et nommée Europe, ses sujets la traitassent avec le plus grand respect et la conduisissent immédiatement au palais. Vous pouvez voir, par cette circonstance, que Phénix n’était pas, sans remords quand il se rappelait qu’il avait abandonné sa mère et ses compagnons au milieu de leurs laborieuses recherches, pour jouir du repos et de l’abondance.

De leur côté, plus d’une fois, à la fin d’un long jour de marche, Téléphassa, Cadmus, Cilix et Thasus se reportaient par le souvenir vers les lieux charmants où ils avaient laissé Phénix. C’était pour eux une pensée amère, chaque matin, quand ils se disaient qu’il leur fallait se remettre en route, et que bien des nuits encore viendraient voiler leurs espérances de la veille ; leur cœur se remplissait de pensées amères. Ces réflexions les jetaient dans une mélancolie extrême. Mais Cilix, plus que tous, était en proie au désespoir. À la fin, un matin, au moment où ils prenaient chacun