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année de voyage, Téléphassa se dépouilla de sa couronne, qui lui blessait le front.

« Elle m’a donné bien des maux de tête, dit cette reine infortunée, et sa possession ne peut soulager la tristesse de mon cœur. »

Aussitôt que leurs vêtements de princes furent déchirés, ils les changèrent pour des habits semblables à ceux des gens les plus vulgaires. Peu à peu leur aspect devint misérable et repoussant. Cette souveraine, ses trois fils et un jeune seigneur, qui jadis possédaient un palais pour demeure et de nombreux domestiques attachés à leur service, avaient plutôt l’air d’une famille bohémienne livrée au vagabondage.

Les princes et leur ami commençaient déjà à devenir de grands jeunes gens à la face brunie par le soleil ; chacun d’eux était armé d’une épée, pour se défendre dans les dangers du voyage. Souvent ils s’empressaient de faire agréer leurs services à quelque fermier, qu’ils aidaient à recueillir sa moisson, et la reine Téléphassa, jadis occupée uniquement à tisser des fils de soie et d’or dans ses appartements splendides, marchait derrière les travailleurs, et employait ses bras à lier des gerbes. Leur offrait-on un salaire, ils secouaient la tête en signe de refus, et ne demandaient que des nouvelles d’Europe.

« Il y a assez de taureaux dans mes pâturages, répliquait le vieux fermier, mais je n’ai jamais en-