Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur leurs épaules chaque fois qu’il lui arriverait de se sentir fatiguée. Ils descendirent ainsi les degrés du palais, et commencèrent un voyage qui devait être beaucoup plus long qu’ils ne s’y attendaient. Au moment où ils partaient, le roi Agénor parut à la porte avec un serviteur qui le précédait, une torche à la main, et leur cria à travers les ténèbres :

« Souvenez-vous bien de ne jamais remonter ces degrés sans me ramener mon enfant !

— Jamais ! » dit en sanglotant son épouse, et ses trois fils avec Thasus ajoutèrent : « Jamais ! jamais ! jamais ! jamais ! »

Ils tinrent parole. Les années se succédèrent, et le roi Agénor, solitairement retiré au fond de son splendide palais, ne cessait de prêter l’oreille aux moindres bruits du dehors, espérant toujours entendre ou la voix de la reine ou les pas de ses fils et de leur camarade Thasus, avec les doux et joyeux accents de sa bien-aimée Europe. Si longue fut sa vaine attente, que, lors même qu’ils seraient revenus, le roi n’eût reconnu ni la voix de Téléphassa, ni celle de ses enfants, dont avaient pourtant retenti si souvent les voûtes du palais.

Mais laissons le roi Agénor tristement assis sur son trône, pour suivre cette mère désolée et ses quatre compagnons de voyage.

Ils marchèrent dans les directions les plus opposées et les plus lointaines, franchirent les mon-