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moi un dépositaire infidèle. Jamais, aussi longtemps que ma main pourra tenir ce fer dont je jette en ce moment le fourreau, jamais, non jamais, quand même le bras sanglant qui a immolé le puissant Antée me ferait subir un sort pareil au sien, je ne trahirai la cause à laquelle je suis prêt à sacrifier ma vie. »

En prononçant cette péroraison, le Pygmée tira sa redoutable épée, aussi longue qu’une lame de canif, et en lança la gaine par-dessus les têtes de la multitude. Sa brillante improvisation fut suivie d’un tonnerre d’applaudissements comme le méritaient incontestablement son héroïsme et sa générosité. Les acclamations chaleureuses et les battements de mains frénétiques se seraient prolongés encore, si Hercule endormi ne les eût couverts par le bruit d’une profonde respiration à laquelle on donne le nom vulgaire de ronflement.

Il fut à la fin décidé que la nation entière entreprendrait l’œuvre de vengeance ; on ne doutait pas qu’un seul champion ne suffit pour l’accomplir ; mais, comme on avait à combattre un ennemi public, tous réclamèrent une part de ce glorieux triomphe. Des débats s’élevèrent sur la question de savoir si l’honneur national n’exigeait point qu’on envoyât un héraut, une trompette à la main, pour se placer devant Hercule, et, après un appel éclatant, le défier au combat par une proclamation rédigée en termes