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gueil de notre frère. C’était notre plus fidèle allié ; et il est tombé en combattant pour la défense de nos droits et de notre indépendance, autant que pour son honneur personnel. Nous et nos ancêtres avons vécu dans les termes d’une amitié sincère ; et d’homme à homme nous avons entretenu des relations affectueuses qui, de temps immémorial, n’ont jamais été interrompues. Vous vous souvenez avec quelle confiance notre nation tout entière se reposait à sa grande ombre, et combien de fois nos enfants ont joué à cache-cache dans la forêt de ses cheveux ; vous vous souvenez avec quelle familiarité il portait au milieu de nous ses vastes pas sans jamais nous marcher sur les pieds. Et il est là gisant, ce frère bien-aimé, ce doux et tendre ami, ce brave et fidèle allié, ce vertueux géant, Antée à l’âme excellente et sans reproche. Mort ! Mort ! Immobile ! Inanimé ! Désormais montagne de poussière ! Pardonnez à mes larmes ! Mais je vois couler les vôtres ! Dussions-nous en noyer le monde, qui pourrait blâmer notre douleur ?

« Le temps presse : j’abrégerai mon discours. Permettrons-nous à l’infâme étranger de quitter impunément le sol de notre patrie, et de se vanter chez des nations barbares d’un triomphe obtenu par la trahison ? Ne le forcerons-nous pas plutôt à laisser ici ses os sur notre terre, à côté de ceux de notre frère immolé, afin que, si les restes de l’un