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droit un tas d’ossements que l’on prendrait probablement pour ceux de quelque éléphant d’une taille extraordinaire.

Mais, hélas ! quelle fut la désolation des malheureux Pygmées en voyant traiter si cruellement leur gigantesque ami ! Si leurs lamentations et leurs cris parvinrent jusqu’aux oreilles d’Hercule, le héros n’en tint aucun compte, ou bien il s’imagina peut-être que c’étaient les gazouillements d’une bande d’oiseaux terrifiés par la lutte qui venait d’avoir lieu, et chassés en tumulte de leurs nids. En effet, son attention avait été à ce point absorbée par Antée, qu’il n’avait pas jeté le moindre regard sur les Pygmées. Je vais plus loin : il ne savait même pas s’il existait au monde un peuple d’une espèce aussi curieuse ; et comme, d’un côté, il avait déjà fait une longue route, que d’un autre il s’était livré à un exercice passablement fatigant dans ce combat inattendu, il étendit par terre sa peau de lion, se coucha dessus et tomba aussitôt endormi…

Les Pygmées, qui avaient observé les préparatifs d’Hercule, hochèrent leurs petites têtes et se firent des clignements d’yeux en signe d’intelligence. Un vaste complot était sur le point de se tramer. Quand ils se furent assurés, à la respiration profonde et régulière de leur ennemi, qu’il était bien assoupi, ils convoquèrent une assemblée générale. Une foule immense répondit à l’appel et remplit un espace