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qu’as-tu donc aujourd’hui, par une si belle matinée ? »

Marie-d’Or, sans ôter son tablier de ses yeux, étendit la main pour montrer une des roses transformées par Midas.

« N’est-ce pas que c’est magnifique ? dit-il ; et qu’a donc cette belle rose pour te causer tant de chagrin ?

— Ah ! mon cher père ! répondit l’enfant, elle n’est plus belle, cette rose ; c’est la plus laide qu’on puisse voir ! Aussitôt habillée, j’ai couru dans le jardin pour vous faire un joli bouquet, parce que je sais que vous aimez les fleurs, et qu’elles vous plaisent davantage quand c’est votre petite fille, qui vous les a cueillies. Mais, ô mon Dieu ! vous ne savez pas ce qui est arrivé ? Quel malheur ! ces roses qui sentaient si bon et avaient de si belles couleurs, elles sont toutes flétries, toutes gâtées ; elles sont devenues toutes jaunes et ne sentent plus rien du tout ! Qu’est-ce qui a donc pu causer cela ?

— Bah ! bah ! chère petite, ne pleure pas pour si peu de chose, dit Midas, tout honteux de s’avouer coupable d’un changement qui la rendait si malheureuse ; assieds-toi, mange ton pain, mon enfant, et bois ton lait. Il te sera bien facile, va, d’échanger une belle rose d’or comme celle-ci, qui durera plus de cent ans, contre une rose ordinaire, qui se flétrit en un seul jour.