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nées, en jouissant d’un bonheur égal à la longueur des siècles ! Plus il s’abandonnait aux mouvements d’un cheval ordinaire, et plus il paraissait merveilleux. Bellérophon et l’enfant demeuraient, immobiles, sous l’empire d’une certaine terreur mêlée d’admiration, et surtout parce qu’ils craignaient qu’au moindre mouvement il ne prît la fuite et ne s’envolât jusqu’aux cieux.

Bref, après s’être tourné et retourné à sa guise, Pégase, comme un autre cheval, s’apprête à se relever, en étendant ses jambes de devant l’une après l’autre, et en les posant sur le sol. Bellérophon a deviné son intention… Il s’élance soudain du buisson, et le voilà en croupe.

Il était enfin parvenu à se rendre maître du coursier ailé.

Mais quel bond fit Pégase, quand pour la première fois il se sentit presser les flancs par un mortel ! Quel bond immense ! Avant d’avoir pu respirer, le héros se trouva à cinq cents pieds dans l’espace, montant, montant toujours, pendant que Pégase étouffait de dépit et de colère. L’ascension continua ainsi jusqu’au moment où ils pénétrèrent au milieu d’un nuage épais, que quelques instants auparavant le jeune aventurier supposait être un délicieux endroit. Du sein de ce nuage, Pégase fondit de nouveau, avec la promptitude de la foudre, et se précipita comme s’il eût voulu se broyer