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sur son dos pour monter jusqu’à la lune ! Mais, au moindre mouvement que je fais, il échappe à mes yeux. »

Bellérophon mit sa confiance en l’enfant qui avait vu l’image de Pégase, et en la jeune fille qui avait entendu le hennissement harmonieux, plutôt qu’il ne s’arrêta aux objections du villageois qui ne croyait qu’aux chevaux de trait, ou à l’opinion du vieillard qui doutait aujourd’hui des souvenirs de sa jeunesse.

Il retourna donc souvent à la fontaine de Pirène, et il fixait son attention tantôt vers le ciel, tantôt sur le bassin, espérant toujours apercevoir Pégase ou tout au moins son image. La bride ornée de pierres précieuses et au frein d’or était toute prête dans sa main. Les braves gens du voisinage, qui amenaient leur bétail à la fontaine, raillaient souvent le pauvre Bellérophon, et quelquefois même le prenaient à partie. Ils lui disaient qu’un homme de sa force devait travailler plutôt que de perdre son temps dans l’oisiveté. Ils lui proposaient de lui vendre un cheval, s’il en avait besoin ; et, quand il déclinait leurs offres, ils essayaient d’entrer avec lui en marché pour lui acheter sa bride.

Jusqu’aux petits garçons des hameaux d’alentour, qui, le supposant devenu fou, s’en amusaient et le ridiculisaient. Un de ces vauriens, par exemple, imagina de remplir le rôle de Pégase en singeant