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moment où celui-ci s’éloigna. Une fois seuls, les deux époux s’entretinrent des événements de la journée, se couchèrent par terre, et s’endormirent d’un profond sommeil. Ils avaient cédé leur chambre à leurs hôtes, et n’avaient pour lit que le plancher, dont j’aurais désiré voir le bois aussi tendre que leurs cœurs.

Les deux vieillards se réveillèrent de bon matin. Les étrangers se levèrent également avec le soleil, et firent leurs préparatifs de départ. Philémon poussa l’hospitalité jusqu’à les inviter à prolonger leur séjour. « Baucis pourrait, disait-il, traire de nouveau la vache ; mettre au four un gâteau, et leur trouver des œufs frais pour déjeuner. » Mais ils n’acceptèrent point, alléguant qu’ils voulaient faire une bonne partie de leur route avant la grande chaleur. Ils se décidèrent donc à partir sur-le-champ, et demandèrent à Philémon et à Baucis de les accompagner à une petite distance, afin de leur indiquer leur chemin.


Ils quittèrent tous quatre la chaumière, en babillant comme de vieux amis. Il était vraiment étrange de voir combien ces deux vieux époux s’étaient insensiblement familiarisés avec l’aîné des voyageurs, et comme leurs deux âmes simples et généreuses s’étaient fondues dans la sienne. C’étaient, sans comparaison, deux gouttes d’eau absorbées par l’abîme infini de l’Océan. Quant à Vif-Argent,