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Vif-Argent, Il a fait chaud aujourd’hui, et j’ai le gosier terriblement sec !

— Mes bons amis, répliqua Baucis toute confuse, j’en suis vraiment bien triste ; mais il n’y a plus rien dans le pot au lait.

— Bah ! s’écria Vif-Argent en se levant avec vivacité et en prenant la cruche par l’anse, il me semble que la situation n’est pas aussi mauvaise que vous la représentez. Il y a encore du lait, et plus que nous n’en boirons. »

En disant cela, il se mit à remplir non-seulement sa tasse mais celle de son compagnon, au grand étonnement de Baucis. La brave femme ne pouvait en croire ses yeux. Elle était convaincue d’avoir versé presque tout, et elle avait jeté un regard désappointé dans l’intérieur de la cruche en la remettant elle-même sur la table.

« Enfin, je suis vieille pensa Baucis ; j’oublie facilement. Je me suis trompée sans doute. En tout cas, elle ne peut manquer d’être vide à présent, après avoir fourni deux rations aussi complètes.

— Quel lait délicieux ! s’écria Vif-Argent après avoir absorbé la deuxième tasse. Excusez-moi, ma bonne hôtesse, mais il faut absolument que j’en reprenne encore un peu. »

Pour le coup Baucis avait vu, aussi clairement que possible, que Vif-Argent avait retourné le vase, et par conséquent n’y avait pas laissé la moindre