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après l’autre, de la forêt qui avait poussé autour d’eux. Puis il se mit à gambader, à sauter de joie, en se voyant en liberté ; bondissant à une hauteur prodigieuse et retombant sur le sol en causant à la terre une secousse effroyable, tandis que l’écho répétait au loin ses cris joyeux et ses rires qui retentissaient comme les éclats du tonnerre. Après avoir donné un libre cours à sa gaieté, il s’avança dans la mer. Quatre lieues, au premier pas, le mirent dans l’eau jusqu’à mi-jambe ; quatre, au deuxième, l’y enfoncèrent à peu près au-dessous du genou ; et quatre lieues plus loin, il en avait presque jusqu’à la ceinture. Il se trouvait alors au plus profond de l’Océan.

Hercule suivait de l’œil la marche de son messager. Rien n’était plus merveilleux à voir que cette forme humaine, à plus de douze lieues de distance, à moitié plongée dans l’eau, et encore aussi grande, aussi vaporeuse et aussi bleue qu’une montagne à l’horizon. Enfin, le colosse disparut entièrement. Notre héros commença dès lors à s’inquiéter ; car si le géant allait se noyer, ou s’il lui advenait d’être piqué mortellement par le dragon aux cent têtes, gardien des pommes d’or du jardin des Hespérides, comment pourrait-il jamais se débarrasser du ciel ?… Tandis qu’il se livrait à ces réflexions, le fardeau s’appesantissait sur ses épaules.

« J’ai pitié de ce malheureux, pensait-il. Si je