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moins de poursuivre sa route sur la crête des vagues, il semblait qu’il eût atteint le terme de son voyage.

Devant lui, rien que le tumulte et l’immensité, des ondes. Tout à coup, en tournant les yeux vers l’horizon, il aperçut, à une grande distance, un objet qui ne l’avait pas frappé quelques instants auparavant. Cet objet répandait un éclat presque égal à celui du soleil au moment où il se lève. Il semblait s’approcher de plus en plus ; car, à chaque minute il apparaissait plus lumineux. Bientôt il fut si près, qu’Hercule reconnut distinctement que c’était une coupe immense d’or ou de cuivre bruni. Comment cette coupe flottait-elle sur la mer ?… Je ne saurais trop vous le dire. En tout cas, elle était là, roulant sur les flots tumultueux, ballottée dans tous les sens, battue par des montagnes d’écume, mais sans jamais disparaître.

« J’ai vu bien des géants dans ma vie, pensa Hercule, mais aucun qui eût l’idée de boire son vin dans une coupe de pareille dimension ! »

Et certes, pour une coupe, elle eût été bien vaste, si vaste que je suis vraiment effrayé des proportions que j’ai à vous dire. Bref, pour ne pas exagérer, elle était dix fois plus large qu’une grande roue de moulin ; et, bien que toute en métal, elle flottait sur les vagues écumantes plus légèrement que la cupule d’un gland sur l’onde paisible d’un