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gues, tout garni d’une sorte de mousse aquatique ? lorsqu’il est amené sur le sable, vous diriez qu’il vient d’être rejeté du plus profond de la mer. Eh bien, ce vieil habitant de l’empire humide vous aurait rappelé exactement le bâton livré pendant longtemps aux caprices des flots ! Mais Hercule, aussitôt qu’il eut vu cette forme étrange, jugea que ce ne pouvait être que le vieillard de qui il allait apprendre son chemin.

En effet, c’était bien le Vieux de la mer annoncé par les jeunes filles. Remerciant les astres protecteurs de le lui avoir fait découvrir pendant son sommeil, Hercule se glissa vers lui sur la pointe des pieds, et le saisit par le bras et par la jambe.

« Dis-moi, cria-t-il avant que le Vieux fût complètement éveillé, quel est le chemin du jardin des Hespérides ? »

Comme vous pouvez facilement vous l’imaginer, le Vieux de la mer se releva en sursaut. Mais sa surprise put à peine égaler celle d’Hercule, lorsque le Vieillard voulant échapper à l’étreinte vigoureuse qui le retenait, Hercule se trouva serrer dans ses mains le pied de derrière et le pied de devant d’un cerf magnifique. Il tint bon, le cerf disparut ; à sa place était un oiseau de mer, se débattant et criant, l’aile et la patte fortement enchaînés. L’oiseau ne put pas davantage recouvrer la liberté, et se transforma en un horrible chien à