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aurait fait la foudre, et faisait craquer les branches, qu’il éparpillait sur le sol.

Hâtant de plus en plus sa marche, sans se reposer une seule minute et sans se retourner, il finit, par entendre à quelque distance le mugissement de la mer. À ce bruit il redoubla de vitesse, et arriva bientôt à une plage où de grandes vagues, se précipitant les unes sur les autres, venaient rouler sur le sable en une longue bande d’écume aussi blanche que la neige. À l’une des extrémités de la baie se trouvait un petit espace d’un charme particulier, d’où certaines plantes s’élançaient sur une falaise qu’elles semblaient revêtir d’un manteau splendide. Un tapis de verdure émaillé de trèfle aromatique s’étendait du pied de la falaise au lit de la mer. Était-ce là, entre nous, qu’Hercule devait s’attendre à trouver un vieillard endormi ?

Mais d’abord, était-ce bien un vieillard ? Au premier coup d’œil il en avait toute l’apparence ; et pourtant, après avoir regardé de plus près, on croyait voir l’une de ces créatures habituées à vivre au fond de la mer. En effet, il avait les jambes et les bras recouverts d’écailles de poisson ; ses mains et ses pieds étaient palmés comme les pattes du canard ; sa longue barbe d’une teinte verdâtre, avait plutôt la forme d’une touffe d’algues marines que d’une barbe ordinaire. Avez-vous vu quelquefois Un morceau de bois longtemps ballotté par les va-