Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133

manières, le front chauve, et toujours d’une mise tellement irréprochable, qu’Eustache Bright ne se présentait jamais sans s’être arrêté préalablement au seuil de la porte pour redresser son col de chemise. Mais maintenant que Primerose s’était accrochée à l’une de ses mains, et Pervenche à l’autre, il fut forcé d’exécuter son entrée d’un air maladroit et gauche, comme s’il eût été sur le point de trébucher dans un monceau de neige.

M. Pringle se tourna du côté de notre ami avec un visage assez bienveillant, mais qui néanmoins lui fit sentir combien il avait besoin de se peigner et de se brosser, et en même temps de donner un coup de peigne et un coup de brosse à son esprit et à ses idées.

« Eustache, dit M. Pringle en souriant, j’apprends que vous produisez une grande sensation parmi le jeune public de Tanglewood, par votre talent à raconter des histoires. Primerose que voici, comme ces petits bonshommes l’appellent, ne tarit pas, non plus que les autres enfants, sur la beauté de vos contes ; tellement que mistress Pringle et moi nous sommes curieux d’en avoir un échantillon. Je prendrais d’autant plus de plaisir à vous entendre, qu’il paraît que vous essayez dans vos récits de revêtir les fables classiques de l’antiquité d’une forme empruntée au style capricieux et sentimental de l’idiome moderne. C’est au moins ce que j’ai cru entrevoir