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pagnons, ne se mêlait plus à leur joyeux concert. Enfin il avait l’air si sombre et si ennuyé, que les autres enfants se perdaient en conjectures sur la tristesse où il était plongé ; lui-même ne se rendait pas mieux compte de l’inquiétude qu’il éprouvait : car vous devez vous rappeler qu’à l’époque dont nous parlons, c’était dans la nature et dans l’habitude de chacun d’être heureux. Le monde n’avait pas encore fait l’expérience de la douleur. Pas une âme, pas un corps n’avait subi la moindre souffrance, ou ressenti le malaise le plus insignifiant.

À la fin, devinant qu’il était un obstacle aux divertissements de ses camarades, Épiméthée jugea bon de revenir près de Pandore, dont l’humeur était plus d’accord avec la sienne. Dans l’espoir de lui plaire, il cueillit quelques fleurs, et en tressa une couronne qu’il voulait lui donner. C’étaient des fleurs délicieuses : des roses, des lis, des boutons d’oranger, beaucoup d’autres encore qui laissaient, le long du chemin, une trace parfumée. La couronne fut tressée avec autant d’adresse qu’on peut raisonnablement en attendre d’un garçon. Les doigts des petites filles m’ont toujours fait l’effet d’être plus habiles à arranger des fleurs en couronnes ; mais dans ce temps-là les garçons y étaient beaucoup plus adroits qu’ils ne le sont aujourd’hui.