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puisque vous l’exigez et que Primerose en a exprimé le désir, je vais méditer ce qu’on peut faire en votre faveur. D’abord, pour vous apprendre quels heureux jours c’étaient avant que les rafales de neige devinssent à la mode, je vous raconterai une histoire du plus vieux des vieux temps, quand le monde était aussi nouveau que la toupie d’Allemagne de Joli-Bois. Il n’y avait alors qu’une seule saison dans l’année, l’été ; qu’un seul âge pour les mortels, l’enfance.

— Je n’ai jamais entendu parler d’un semblable phénomène, dit Primerose.

— Je n’en suis pas étonné, répondit Eustache. C’est une fiction que personne autre que moi n’a jamais imaginée : un Paradis d’enfants ; et en même temps, vous saurez comment l’espièglerie d’un petit lutin, dans le genre de Primerose que voici, détruisit tout ce bonheur. »

Cela dit, Eustache Bright s’assit sur la chaise qu’il avait franchie tout à l’heure, installa Primevère sur son genou, ordonna le silence dans l’auditoire, et entama le récit des aventures d’une pauvre petite fille désobéissante qui s’appelait Pandore et de son petit compagnon Épiméthée. En tournant la page, vous pourrez le lire mot pour mot.