Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92

petite dent-de-lion sur le bord du ruisseau, à l’endroit où il s’échappe du vallon.

Mais en ce moment, plus de gazon verdoyant, plus de dents-de-lion en fleurs… Quelle neige il faisait !… Si le regard avait pu traverser l’atmosphère toute remplie de givre, on aurait vu la plaine immense couverte de frimas à plus de dix lieux à la ronde, entre les fenêtres de Tanglewood et le piton du Taconic. Les collines semblaient être autant de géants qui, dans leurs puissants ébats, se lançaient à la face de nombreuses poignées de flocons, glacés. La neige, tombait en nuages si épais, que les arbres mêmes, à mi-chemin de la vallée, disparaissaient à la vue. Quelquefois, il est vrai, les petits prisonniers de Tanglewood pouvaient, distinguer la forme vivement dessinée de Monument-Mountain, dont le pied se baignait dans le lac, blanc comme une glace dépolie ; ou encore les bandes grises et noires des bouquets de bois qui occupaient les premiers plans du paysage : mais ce n’étaient que des éclaircies à travers la tempête.

Néanmoins, les enfants se réjouissaient fort de cette abondance de neige. Ils s’étaient déjà familiarisés avec elle, en se culbutant dans les endroits où elle s’était amassée et en s’en jetant à la figure, comme nous venons de l’imaginer pour les montagnes de Berkshire. Aujourd’hui ils étaient revenus à leur salle de jeu, aussi spacieuse que le salon, et