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de Midas, avait pour lui plus de prix qu’un immense océan d’or fondu. Il n’eut rien de plus pressé, comme vous devez bien vous l’imaginer, que d’asperger la figure métallique de Marie-d’Or.

À l’instant même où l’eau effleura la chère enfant, vous n’auriez pas pu vous empêcher de rire à l’aspect des roses animant de nouveau ses petites joues ! Et quand elle se mit à éternuer, et à repousser l’eau qui lui entrait dans la bouche ! Elle n’en revenait pas de se trouver toute mouillée et de voir son père continuer à l’arroser avec tant d’empressement.

« Ah ! cher père, je vous en prie, finissez ! criait-elle. Me voilà toute inondée, et c’est ma belle robe que j’ai mise ce matin pour la première fois ! »

Car Marie ne savait pas qu’elle avait été une petite statue d’or, et elle ne se souvenait de rien, depuis le moment où elle s’était élancée, les bras ouverts, pour consoler le pauvre roi Midas.

Celui-ci ne crut pas nécessaire de dire à son enfant chéri quelle folie il avait commise ; il se contenta de lui prouver qu’il était devenu beaucoup plus sage. À cet effet, il conduisit la petite Marie-d’Or dans le jardin, où il fit une aspersion générale avec le reste de l’eau, et avec tant de succès, que plus d’un millier de roses recouvrèrent leur fraîcheur primitive. Deux circonstances cependant rappelèrent à Midas, tant qu’il vécut, ce fameux