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LA
GRANDE FIGURE DE PIERRE



Un jour que le soleil à son déclin dardait obliquement ses derniers rayons, une mère et son jeune fils, assis à la porte de leur chaumière, parlaient de la Grande Figure de pierre. Bien qu’éloignée de plusieurs milles, on la voyait, chaudement éclairée, se détacher, resplendissante, sur la teinte plus sombre des rochers environnants.

Qu’était-ce que la Grande Figure de pierre ?

Il y avait autrefois, entre deux hautes chaînes de montagnes, une spacieuse vallée peuplée de quelques milliers d’habitants. Les uns vivaient dans de pauvres huttes situées au milieu des forêts silencieuses et sombres qui couvraient les versants abrupts de la montagne ; d’autres en habitaient les premières croupes et le fond de la vallée, dont ils cultivaient le sol plantureux ; il y en avait, enfin, qui s’étaient groupés en populeux villages, sur le cours impétueux d’une petite rivière qui, sortie des cimes neigeuses de la montagne et domptée par l’intelligente volonté de l’homme, rongeant son frein, blanc d’écume, faisait humblement tourner les machines de plusieurs filatures. Tous ces braves gens, bûcherons, cultivateurs, ouvriers, vivaient dans une