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LA PROMENADE DE LA PETITE ANNIE

viennent de plus en plus rares ; enfin, il paraît qu’elle va souscrire l’année prochaine aux Mélanges enfantins. Mais, entre nous, je la crois bien capable de lire avec le pouce les pages imprimées, pour arriver plus vite à ces jolies images dont les couleurs sont à la fois si vives et si gaies qu’elles attirent sans cesse à l’étalage des libraires un monde de petits marmots.

Que dirait Annie si, dans le livre que je lui veux envoyer au nouvel an, elle trouvait sa bonne petite personne reliée et dorée sur tranche ? si elle savait le conserver, elle pourrait apprendre à lire à quelque beau baby dans l’histoire de sa petite mère. D’honneur, ce serait charmant.

III

La petite Annie est rassasiée d’images, elle m’entraîne par la main vers la plus merveilleuse boutique de la ville. O ! che gusto ! est-ce un magasin véritable ou le pays des fées ? J’en vois justement le roi et la reine voyageant côte à côte dans un chariot d’or, entourés d’une escorte de courtisans qui galopent aux portières du royal véhicule. J’aperçois également de petits ménages fabriqués à Canton et qui servent sans doute à ces augustes personnages lorsqu’il leur prend fantaisie de faire la dînette dans la grande salle de leur palais de carton. Voici un turc coiffé d’un classique turban et qui cherche à nous effrayer, sans doute, en brandissant son cimeterre. Auprès de lui se trouve un mandarin chinois qui branle la tête et nous tire la langue ; puis une armée de cavaliers, de fantassins à l’uniforme rouge et