Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

transpirait quelque chose de cette radieuse jeunesse. Sans cela, comment expliquer l’espèce d’attraction qu’elle exerça bientôt sur tout le voisinage ? Le magasin vit grossir démesurément sa clientèle chaque jour plus assidue. La monnaie de cuivre, objet des mépris d’Hepzibah, s’accumulait dans les tiroirs, où elle ne la comptait jamais sans avoir mis, auparavant, une paire de gants en soie tricotée. Les pièces d’argent, il en venait aussi, — qu’on triait avec soin pour les loger dans le coffre-fort.

L’Oncle Venner, qui voyait les denrées diminuer à vue d’œil et la monnaie s’accumuler en hautes piles, applaudissait des deux mains sans que les remarques de miss Hepzibah, involontairement empreintes de quelque dédain, pussent modérer son enthousiasme. À cette observation que « jamais une Pyncheon n’avait fait pareille figure » : — « Vous avez, ma foi, raison, répondit ce vénérable personnage… Tout au moins, n’ai-je jamais rien vu de pareil ; ni parmi eux, ni véritablement parmi les autres… Mon métier m’a mené dans bien des endroits et m’a fait connaître bien du monde ; nulle part, cependant, — vous pouvez m’en croire, miss Hepzibah, — je n’ai rencontré personne dont les façons d’agir ressemblassent autant à celles d’un ange du bon Dieu ? »

L’éloge de l’Oncle Venner, si exagéré qu’il puisse paraître, avait quelque chose de fondé. L’activité de Phœbé, qui semblait se complaire en tout travail et prêtait aux plus humbles devoirs sa grâce spontanée, ce labeur qu’elle accomplissait en se jouant, ce bien qu’elle ne faisait pas, à vrai dire, mais qui provenait d’elle, comme la fleur ou le fruit de l’arbuste né pour