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un soupir presque naturel, et un sentiment complexe d’étonnement, de pitié, d’affection toujours croissante :

« La bonne petite que cela fait !… Si seulement on pouvait en tirer une lady !… Mais ceci ne saurait être !… Phœbé n’est pas une Pyncheon… Elle a tout pris de sa mère. »

Que Phœbé pût ou non devenir une lady, la question, selon nous, n’était pas là. Sa petite taille — pour n’être pas celle que l’imagination attribue à une comtesse, — n’en avait ni moins de grâce, ni moins d’agilité. Son piquant minois, vraie fleur de santé où quelques taches de rousseur rappelaient qu’il avait connu le soleil et les brises d’avril, sans être de ceux qu’on lorgne au bal, n’en était pas moins celui d’une très-jolie femme. Elle avait la grâce de l’oiseau ; elle jetait dans la triste maison l’éclat d’un rayon de soleil, qui, filtrant sous les rameaux du grand Orme, ferait venu se poser sur les parquets, — ou bien encore celui de ces reflets du foyer qui dansent le long des murs à l’approche de la nuit ; — bref, une atmosphère de joie et de sérénité semblait émaner d’elle et se répandre dans les lieux qu’elle habitait. La comparer à sa vieille cousine, — avec ses robes de soie fanées, ses chimériques parchemins, ses droits illusoires sur une terre cultivée par autrui, son clavecin dont elle ne savait pas jouer, le souvenir des menuets qu’elle avait pu marcher jadis, les tapisseries d’ancien modèle qu’elle avait patiemment élaborées, — c’était mettre en regard, le plus loyalement du monde, le patriciat d’autrefois et le prolétariat contemporain.

Il faut croire qu’à travers l’épaisseur des murs