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V

Le mois de Mai, le mois de Novembre.


Phœbé Pyncheon passa la nuit de son arrivée dans une chambre donnant sur le jardin de l’antique demeure. Cette chambre était exposée à l’orient et, de très-bonne heure, les roses lueurs du ciel vinrent prêter leurs nuances charmantes au plafond noirci, aux papiers flétris et maussades. Le lit de Phœbé avait des rideaux ; rideaux en étoffe épaisse et jadis magnifique, tombant autour d’elle en lourds festons, vrais nuages de lampas, qui dans un coin maintenaient la nuit sur le front de la jeune fille, tandis que le reste de la pièce s’illuminait des feux de l’aurore. Vint un moment, néanmoins, où par un interstice de ces rideaux fanés, un rayon de soleil s’insinua au pied du lit. Trouvant là cette nouvelle arrivée, — dont les joues étaient fraîches comme le matin lui-même et dont le beau corps, frémissant sous les adieux du sommeil, lui rap-