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qu’il y avait de plus vieux, sauf toutefois la Maison aux Sept Pignons, et peut-être aussi l’antique ormeau dont le feuillage en couronnait le faîte.

Ce patriarche se présentait devant Hepzibah, vêtu d’un vieil habit bleu d’apparence presque fashionable et qui devait lui avoir été donné par quelque commis élégant, disposé à réformer sa garde-robe. Ses pantalons, en revanche, taillés dans un morceau de toile à voile, très-courts de jambes et singulièrement bouffants sur le bas des reins, étaient en harmonie plus directe avec le personnage et convenaient mieux soit à son âge, soit à sa tournure. Son chapeau n’avait de rapport ni avec l’un ni avec l’autre de ces deux vêtements ; il n’en avait pas non plus avec le chef qu’il était destiné à protéger. L’Oncle Venner se trouvait ainsi un vieux gentleman d’ordre composite, en partie lui-même, mais autre que lui à beaucoup d’égards ; vivant synchronisme d’époques diverses, véritable epitome de modes et de temps hétérogènes.

« Ainsi donc, dit-il, vous voilà dans le commerce… J’en suis charmé, croyez-le bien !… La paresse ne convient ici-bas ni aux jeunes ni aux vieux, à moins que ces derniers ne soient paralysés par la goutte… Cette diable de maladie m’a déjà fait signe à plusieurs reprises et, d’ici à deux ou trois ans, il faudra, je pense, mettre les affaires de côté pour me retirer dans ma ferme… Vous savez, cette grande maison de briques là-bas… Ils l’appellent la Maison-de-Travail… Je veux d’abord terminer ma besogne avant d’aller y mener une vie de loisirs… Oui, miss Hepzibah, je suis charmé de vous voir à l’œuvre.

— Grand merci, Oncle Venner, dit en souriant la