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toirs, ou bien encore ouvrir des sentiers vers le hangar et le long des cordes où pendait le linge ; tels étaient quelques-uns des importants emplois qu’une vingtaine de familles, pour le moins, confiaient à l’assiduité vigilante de l’Oncle Venner. Il avait ainsi, tout comme le curé, une sorte de paroisse, et s’il ne prélevait pas « la dîme ecclésiastique du pourceau, » du moins recueillait-il, dans le cours de ses tournées matinales, assez de rebuts de table, assez de restes et de débris pour nourrir le porc qu’il élevait chaque année.

L’opinion commune avait jadis, — quand il était encore jeune, — classé l’Oncle Venner parmi les idiots. Lui-même avait accepté l’arrêt, se refusant discrètement à courir les mêmes carrières où il voyait s’engager les autres hommes et n’acceptant que les missions ordinairement réservées à ceux dont l’intelligence est en déficit. Mais actuellement, aux limites extrêmes de la vieillesse, soit que sa longue expérience l’eût éclairé, soit que la défaillance de son jugement lui eût fait perdre la faculté de se bien apprécier lui-même, — cet homme vénérable affichait quelques prétentions à une sagesse peu ordinaire, et avait fini par les faire admettre dans une certaine mesure : de plus il y avait en lui, par moments, une sorte de verve poétique, fleur tardive venue sur les ruines de sa pensée, et qui relevait la vulgarité, le terre-à-terre de cette obscure existence. Hepzibah lui accordait quelque estime à cause de l’ancienneté de son nom, qui jadis avait été porté avec honneur par maint et maint bourgeois de la cité. Un motif plus direct pour expliquer les égards familiers qu’elle lui témoignait, c’est que l’Oncle Venner était dans Pyncheon-street ce