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connu ne l’effacerait de sa main… Le petit écolier, avec la complicité d’un bonhomme de pain d’épice, avait effectué une ruine irréparable ; tout un édifice aristocratique se trouvait démoli par lui, et on eût dit que sa petite main venait de déraciner l’Hôtel aux Sept Pignons ! Tournez, Hepzibah, tournez, la face contre le mur les effigies des Pyncheon d’autrefois ; prenez la carte de vos territoires d’Orient pour allumer demain le feu de la cuisine, et que le vain souffle des traditions de vos aïeux active cette flamme dévorante !… Désormais, qu’avez-vous à faire d’ancêtres ? Absolument rien ; pas plus que de descendants !… Et à la place d’une lady, maintenant, il ne reste plus qu’Hepzibah Pyncheon, vieille fille abandonnée, tenant une boutique à deux sous !

Cependant un grand calme venait de succéder tout à coup à ses longues inquiétudes. Elle, ressentait certainement ce que sa position avait d’étrange, mais c’était sans aucun trouble et sans aucune frayeur. Çà et là, même, germait en elle une sorte de juvénile sérénité. C’était comme le souffle fortifiant de l’atmosphère extérieure qui chassait le long engourdissement de sa monotone solitude. — L’effort est une hygiène si puissante ! si merveilleuse est l’énergie que nous possédons sans le savoir ! — Il y avait bien des années qu’Hepzibah ne s’était sentie aussi vaillante, et n’avait joui d’un pareil bien-être. La pièce de cuivre apportée par l’écolier, — si terne que l’eussent faite les petits services qu’elle avait déjà rendus çà et là dans le monde, — se trouvait être un talisman magique, exhalant le parfum du Bien, et qu’elle eût volontiers porté sur son cœur, après l’avoir fait monter en or. Sa puissance,