Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/53

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l’avenir qui se prépare pour elle, ce ne sont pas des privilèges, ce sont plutôt des restrictions qu’impliqueront ces titres surannés.

— Voilà des notions nouvelles pour moi, reprit l’antique damoiselle en secouant la tête… Je ne les comprendrai jamais et ne désire pas les comprendre.

— En ce cas, n’en parlons plus, continua l’artiste dont le sourire devint plus amical qu’il ne l’était naguère… Vous apprendrez par vous-même si le rôle d’une « vraie femme » n’est pas préférable à celui d’une lady… Mais pensez-vous donc, miss Hepzibah, qu’aucune des grandes dames de votre race, depuis que cette maison existe, ait déployé plus d’héroïsme que vous n’en montrez aujourd’hui ?… Jamais, soyez-en sûre ; et si les Pyncheon avaient toujours agi aussi noblement, je doute fort que l’anathème du vieux sorcier Maule, — cet anathème dont vous m’avez entretenu si souvent, — eût jamais obtenu comme il l’a fait, la complicité de la Providence.

— Vaines paroles ! dit Hepzibah, dont cette allusion à la malédiction de sa race, caressait secrètement les vaniteuses faiblesses. Si le fantôme du vieux Maule, ou si quelqu’un des descendants qu’il a laissés pouvait me voir aujourd’hui derrière ce comptoir, il trouverait exaucés les pires vœux qu’il ait pu former contre nous… Je ne vous en sais pas moins gré de vos bontés ; monsieur Holgrave, et je ferai de mon mieux pour me plier à mon rôle de marchande.

— C’est cela même, dit Holgrave, et accordez-moi l’honneur d’étrenner votre magasin… Je vais faire un tour au bord de la mer, avant de rentrer dans cette salle où j’abuse des rayons du soleil pour leur faire