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figuraient, en guise de signatures, les hiéroglyphes de plusieurs sagamores indiens. Par cet acte solennel ils déclaraient se dessaisir à perpétuité, au profit du colonel Pyncheon et de ses hoirs, de leurs droits sur une vaste contrée située à l’est de la cité nouvelle.

« Voilà précisément le parchemin à la découverte duquel furent sacrifiés en vain le bonheur et la vie de la belle Alice Pyncheon, dit l’artiste faisant allusion à sa légende… C’est bien là cet acte que les Pyncheon cherchèrent en vain tant qu’il pouvait avoir pour eux une valeur essentielle ; et maintenant que ce trésor arrive en leurs mains, il y a déjà longtemps qu’il a perdu tout son prix.

— Pauvre cousin Jaffrey ! c’est là ce qui l’a trompé, s’écria Hepzibah. Pendant que lui et Clifford étaient encore jeunes, mon frère s’amusa probablement à faire de tout ceci une espèce de conte des Mille et une Nuits. Il était sans cesse à rêver çà et là par la maison et peuplait de visions brillantes ses recoins les plus obscurs. Le pauvre Jaffrey, lui, songeant au positif et prenant, volontiers les fictions dans leur sens le plus réel, se figura que mon frère avait découvert l’endroit où les richesses de son oncle étaient enfouies… Il sera mort sans avoir perdu cette illusion !

— Mais, reprit Phœbé emmenant Holgrave un peu à l’écart, comment avez-vous été mis en possession de ce secret ?

— Chère enfant, dit Holgrave, comment vous ira le nom de Maule ?… Quant au secret, c’est là l’unique héritage qui me vienne de mes ancêtres… Vous auriez su plus tôt, si je n’avais craint de vous effaroucher et de vous perdre, que dans ce long drame où chaque