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miniature, ont été l’unique aliment dont son âme se soit jamais nourrie.

On dirait qu’elle a mis de côté le portrait et qu’elle s’est replacée devant la glace de sa toilette. Quelques larmes à essuyer, probablement. Puis encore un certain nombre de pas, çà et là, et finalement, — avec un dernier soupir, froide bouffée d’air qui semble sortir de quelque caveau longtemps fermé, mais dont la porte s’est entre-bâillée par hasard, — miss Hepzibah Pyncheon paraît enfin !… Elle vient lentement le long du corridor ténébreux, grande femme vêtue de soie noire, taille longue et courbée, marchant à tâtons du côté de l’escalier, comme une personne myope qu’elle est effectivement.

Le soleil, cependant, s’il n’avait pas dépassé la ligne de l’horizon, s’en rapprochait de plus en plus ; quelques rares nuages, planant au plus haut du ciel, recevaient déjà ses premiers rayons et en jetaient le reflet doré vers les fenêtres de la Maison aux Sept Pignons qui, même après tant d’aurores, avait un sourire pour celle-ci. La chambre où miss Hepzibah pénétra lorsqu’elle eut descendu l’escalier était une pièce à plafond bas, lambrissée de bois brun, et dont la vaste cheminée de briques peintes, fermée par un rideau de tôle, ne servait plus qu’à recevoir le tuyau d’un calorifère moderne. Sur le parquet s’étalait un tapis dont les couleurs, naguère brillantes, avaient presque disparu l’une après l’autre dans le cours de ces dernières années. Le mobilier se composait de deux tables dont l’une, d’une menuiserie fort complexe, se dressait sur des pieds nombreux, tandis que l’autre, plus délicatement ouvragée, perchait sur quatre tiges longues et