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doit avoir décidé les magistrats à venir faire une enquête sur les lieux… Nous n’avons qu’à nous y soumettre… Ouvrons immédiatement toutes les portes ! »

Mais, à leur grand étonnement, avant qu’ils eussent pu arriver au grand portail, — avant même qu’ils eussent quitté la salle où leur entretien venait d’avoir lieu, — ils entendirent dans le fond du corridor un bruit de pas… Ainsi donc, la porte qu’ils croyaient bien fermée, — celle là même que le photographe avait vue ainsi et par laquelle Phœbé n’avait pas pu pénétrer dans la maison, — cette porte avait été ouverte par quelqu’un au dehors. Les pas qu’on entendait n’avaient point cette allure déterminée, hardie, impérieuse qui eût annoncé l’entrée des autorités dans une demeure où ne les attendait naturellement aucun bon accueil. C’était la marche faible, indécise, de quelques personnes timides ou lasses ; c’était aussi le murmure confus de deux voix familières à l’oreille de nos jeunes gens.

« Se peut-il ? dit tout bas Holgrave.

— Ce sont eux, répondit Phœbé ; Dieu merci ! Dieu merci, ce sont eux ! »

Et alors, comme faisant écho à l’exclamation sympathique de Phœbé, ils entendirent plus distinctement la voix d’Hepzibah :

« Dieu merci, frère, nous voici chez nous !

— Dieu merci ?… oui, si vous le voulez, répondit Clifford… C’est un chez nous un peu triste, ma bonne Hepzibah… Mais vous avez bien fait de me ramener ici !… Un instant !… La porte du salon est ouverte. Je ne saurais passer là devant… Laissez-moi m’aller reposer sous la tonnelle où j’ai passé jadis,