Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frisson d’angoisse… Il est terrible pour nous d’être ainsi tout seuls.

— Mais Clifford ? suggéra le photographe… Clifford et sa sœur ?… Nous devons chercher ce qu’il y a de mieux à faire pour eux… C’est une fatalité qu’ils aient ainsi disparu ! Leur fuite place l’événement sous le jour le plus faux et le plus défavorable. Cependant, pour qui les connaît, l’explication est bien simple ! Étourdis, frappés de terreur par l’analogie de cette mort avec un autre incident du même genre, qui fut jadis suivi pour Clifford de conséquences si désastreuses, ils n’ont eu, au premier abord, qu’une seule pensée, c’était de s’éloigner au plus vite… Combien tout cela est déplorable !… Si Hepzibah seulement eût poussé un cri, — si Clifford, ouvrant la porte à deux battants, avait proclamé la mort du juge Pyncheon, — cet incident si grave en lui-même n’aurait pu produire pour eux que les meilleurs résultats. Comme je l’envisage, il aurait pu servir puissamment à effacer la souillure qui noircit la renommée de Clifford.

— Et comment, demanda Phœbé, comment un bien quelconque pouvait-il sortir d’une catastrophe si terrible ?

— Parce que, dit l’artiste, si l’affaire est loyalement étudiée, naturellement interprétée, il doit paraître évident qu’aucun moyen illégitime n’a précipité la fin du juge Pyncheon. Ce genre de mort est pour les gens de sa race, depuis plusieurs générations, une véritable idiosyncrasie ; il ne revient pas souvent, à la vérité, mais lorsque c’est le cas, il attaque en général des individus arrivés à l’âge qu’avait le Juge, et les surprend le plus souvent, soit dans quelque accès de colère, soit