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soir, dans ma chambre solitaire, je n’ai vu éclairés ni le salon ni l’appartement d’Hepzibah, ni celui de Clifford… Dans la maison rien ne bougeait… Ce matin, même immobilité, même silence de mort. J’ai entendu, de ma fenêtre, une voisine affirmer que vos parents avaient été vus hier pendant l’orage, au moment où ils sortaient d’ici. Plus tard, une rumeur est venue m’apprendre qu’on cherchait de tous côtés le juge Pyncheon… Un sentiment que je ne saurais décrire, — une indéfinissable perception de quelque catastrophe, de quelque dénouement inévitable, — m’a décidé à me frayer un chemin jusque dans cette partie de la maison, où j’ai découvert ce que vous voyez… C’est à titre de témoignage pouvant servir à Clifford, et aussi à titre de souvenir tout spécialement précieux pour moi, — car sachez-le, Phœbé, des motifs héréditaires mêlent étrangement ma destinée à celle de cet homme, — c’est en vertu de ces motifs divers que j’ai voulu, par les moyens particuliers dont je dispose, conserver cette image authentique du juge Pyncheon après sa mort. »

Malgré son agitation, Phœbé ne put s’empêcher de remarquer la calme attitude d’Holgrave. Il paraissait comprendre, il est vrai, tout ce qu’avait de solennel le trépas du Juge, mais la révélation de ce fait n’avait éveillé aucune surprise dans son esprit, et il semblait le considérer comme un événement pré-ordonné, inévitable, en un mot s’adaptant si bien aux occurrences du passé qu’on aurait pu le prophétiser à coup sûr.

« Pourquoi n’avez-vous pas ouvert les portes ? pourquoi pas appelé des témoins ? demanda-t-elle avec un