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chetées de pourpre, qui s’épanouissait à l’angle des deux pignons de la façade. Les vieillards, nous l’avons dit, leur avaient donné le nom de Bouquets d’Alice, en mémoire de la belle Alice Pyncheon qui, selon les traditions reçues, en avait rapporté la graine à son retour d’Italie. Leur beauté, leur éclat naturel, semblaient exprimer, sous une forme mystique, l’accomplissement définitif de quelque grand résultat à l’intérieur du vieil hôtel de famille.

Ainsi qu’on l’a vu plus haut, ce fut peu après le lever du soleil, que l’Oncle Venner se montra dans la rue avec sa brouette. Il allait ainsi tous les matins faire sa collecte de menus débris et de légumes perdus, à l’usage du pourceau qu’il élevait. Ce pourceau banal était exclusivement nourri, et fort bien, par cette espèce de contribution alimentaire. Miss Hepzibah Pyncheon, depuis le retour de son frère, fournissait une large part à cette aumône déguisée, et l’Oncle Venner s’en trouva d’autant plus déçu, lorsqu’il ne trouva pas au seuil des Sept Pignons, la grande terrine bien garnie sur laquelle il avait compté.

« Jamais je n’ai vu miss Hepzibah si négligente, se dit le patriarche en haillons… Frapperai-je, pour voir si elle est levée ?… Oh non, non, — ce serait trop se permettre ! Si la petite Phœbé habitait encore la maison, je ne dis pas… Mais miss Hepzibah, même sans me vouloir le moindre mal, me ferait une grimace que je ne veux pas affronter ; je reviendrai donc un peu plus tard. »

En vertu de ces réflexions, le vieillard laissa retomber la porte de l’arrière-cour. Criant sur ses gonds, comme toutes celles de cette antique demeure, elle